LOI SUR LE PARRAINAGE : CANDIDE AZANNAÏ APPELLE LE PEUPLE BÉNINOIS À DE LA LUCIDITÉ POLITIQUE

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DÉCLARATION POLITIQUE

Béninoises et Béninois,

Mesdames et Messieurs,

Il est agité au sein de l’opinion ces derniers temps, une prétendue idée de relecture du Code Électorale aux fins, disent les auteurs, de sauter le verrou de parrainage concocté par l’un des pouvoirs les plus impopulaires de notre histoire post-indépendance, le pouvoir despotique dit de la rupture.

Cette approche procède de la plus ridicule manipulation, car il est un acte de folie que de penser à une élection dans un contexte de dictature, comme il est totalement absurde de solliciter la générosité des factions politiques ( les deux formations politiques siamoises – le BR et l’UP- toutes deux  du Président de la République, Monsieur TALON ) d’un ordre despotique pour prétendre prendre part à une élection dans un contexte de déni de l’Etat de droit, de restriction des libertés, de main mise sur tout le fichier électoral et sur toutes les institutions dédiées à la préparation, à l’organisation, à la proclamation des résultats desdites élections.

Les récits d’actes frauduleux et sanglants des dernières parodies électorales, meurtrières, dites des législatives du 28 avril 2019 et l’ignoble cinéma de désignation le 17 mai 2020 des commis du pouvoir à la tête des collectivités territoriales, en pleine crise sanitaire de la pandémie de la COVID-19, renseignent  à suffisance sur le rejet arbitraire par Patrice TALON de toute concurrence électorale en République du Bénin ( Cf. sa profession de foi : « Vous savez très bien que dans les petits pays comme les nôtres, ce qui permet à un Président en exercice d’être réélu, c’est sa capacité à soumettre tout le monde. Quand tous les députés sont à sa solde, quand tous les maires sont à sa solde, quand tous les élus locaux sont à sa solde, quand tous les commerçants le craignent, sont à sa solde, quand les partis politiques sont affaiblis, sont à sa solde, sa réélection est facile…

Ne soyez pas sourd à ce que je dis. Ce qui permet à un Président d’être réélu avec assurance, ce qui assure la réélection des Présidents, ce n’est pas son mandat, ce n’est pas ses performances, ce n’est pas ses résultats. C’est la manière dont il tient les grands électeurs. C’est la manière dont il tient tout le monde. C’est la manière dont personne n’est capable de lui tenir tête, d’être compétiteur contre lui. Quand vous n’avez pas de compétiteur, vous avez beau être mauvais, vous serez réélu… ».)

La cruauté de cette profession de foi de Patrice TALON est qu’il sait lui – même qu’« Un modèle politique qui permet à un Président de soumettre tout le monde et d’être réélu quelle que soit sa qualité est un modèle mauvais. »

Nous sommes actuellement à l’épreuve des faits, devant une imposture flagrante du Président TALON et il faudra que nous nous mettions en ordre serré pour nous insurger contre une si crapuleuse perversion.

La réalité que nul ne doit occulter, est que depuis avril 2016 où il a accédé au faîte du Pouvoir Suprême de l’Etat, Monsieur TALON s’est attelé en application de sa profession de foi évoquée à l’instant, à détruire sous le slogan de la ruse et de la rage de ses affidés, les critères et les conditions de tenue d’élections politiques pour le choix et pour le renouvellement du personnel politique et de leurs mandats respectifs.

À l’arrivée, la quasi-totalité des institutions de la République et de leurs membres est vassalisée par le pouvoir exécutif.

En de pareilles circonstances, le seul effet de participer à une élection est de légitimer une dictature, d’avaliser la forfaiture et l’imposture et in fine de réhabiliter un dictateur aux mains gantées de sang ; il s’agit en réalité d’une jonglerie politique profanatoire, d’une ignoble compromission.

Aucun démocrate résistant ne doit sous aucun prétexte cautionner une pareille compromission.

Chaque citoyen béninois et l’ensemble des démocrates devraient se convaincre de ce que l’urgence pour la République du Bénin est de rétablir les fondamentaux de la Démocratie et non de prendre le chemin, Ô combien risqué d’une quelconque parodie électorale en 2021 qui ne sera qu’un risque de trop en l’état actuel des choses.

Nous en appelons à la lucidité politique des uns et des autres pour mettre fin à la tragi-comédie en cours.

Les agitations autour des verbiages évoquant un prétendu parrainage sont l’œuvre de trois types de farceurs au moins :

  • Les illusionnistes de l’égo des logos de partis politiques nostalgiques des épopées perdues ;
  • Les naïfs de l’égo des ambitions présidentielles solitaires pour amuser la galerie ;
  • Les maîtres charmeurs en missions commandées, véritables chevaux de Troie du despote aux abois.

La politique ne doit jamais cesser d’être un champ de clarté, de transparence et de suite dans les idées même si, pour les politicards experts en rouerie, le politiquement correct devra s’affranchir du moralement incorrect, de l’éthiquement illégitime.

Certains pensent pouvoir combattre le leadership déviant et pervers de la politique dictatoriale de TALON sur les segments que TALON ouvre ou leurs présente ; c’est mauvais et totalement irréfléchi.

Résister, ne consiste pas à se taire et à ne réagir qu’aux seuls propos et qu’aux seuls actes du pouvoir despotique. Résister, c’est contraindre le despote à parler et à réagir aux messages de liberté, de démocratie et d’Etat de droit que vous portez pour la dignité des populations, pour la réhabilitation des valeurs et des principes démocratiques et pour la défense des droits fondamentaux au nom de l’intérêt général.

Résister, dans le contexte qui est le nôtre, c’est se reproduire les images de Patrice TALON et de l’ensemble du pouvoir dit de la rupture face à notre Peuple ces trois dernières années et interroger notre conscience de simple citoyen, notre responsabilité politique de démocrate résistant.

Ce pouvoir dit de la rupture a tué. Est-ce que nous avons déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture continue de tirer sur nos enfants et de tuer même sur le Campus Universitaire. Ne devons-nous pas lui en demander des comptes ?

Ce pouvoir dit de la rupture, au moyen d’une inflation législative a remplacé l’Etat de droit par un État de lois incongrues, abjectes, un Etat liberticide et prédateur de la Démocratie c’est-à-dire complètement aux antipodes de l’Etat de droit. Avons-nous nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture a exclu toute l’Opposition et a confisqué le Pouvoir législatif. Tenons-nous bien, 83/83 sièges littéralement volés dans le sang d’innocentes victimes. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture a tripatouillé et a traficoté la Constitution de la République nuitamment, de manière sectaire, avec sa seule faction politique. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture a détruit l’essence de la décentralisation et a remplacé l’élection des conseils des collectivités locales par leurs nominations. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture s’oppose à la liberté d’être candidat en mettant des obstacles censitaires et orientés dans des lois modulables au gré de ses propres caprices. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture voit tous les secteurs vitaux de l’économie et de la richesse nationale dans les mains de ses presque seuls proches. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture pousse à l’exil les citoyens béninois, retire le droit à la citoyenneté à des Béninois en bannissant certains d’entre eux. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ce pouvoir dit de la rupture cache, protège et promeut les militaires et agents des forces armées et de sécurité tueurs d’innocentes victimes d’une part et garde d’autre part, au sein de son Gouvernement, les apologistes de la violence, de la dictature et du recours criminel aux armes létales contre les citoyens. Avons-nous déjà, clos cela ?

Ces images de tristes évocations qui ne sont pas exhaustives doivent-elles passées par pertes et profits ?

L’objectif de Patrice TALON est d’humilier les autres en les soumettant dans un programme de confiscation de tous les pouvoirs au moyen de la terreur que ce soit par les armes ou par d’autres artifices.

Une dictature, on la chasse par recours au cadre constitutionnel prévu par le Peuple souverain. Aucun démocrate ne peut oser candidater sous une panoplie de lois abjectes à la merci, d’un pouvoir législatif à 100% confisqué, d’une liste électorale à 100% manipulée en violation flagrante et constante de la loi, des institutions en charge des élections 100% monochromes et à 100% discréditées. (CENA, Cours Constitutionnelle, HAAC …).

Le détournement et la corruption des deux derniers processus électoraux par le certificat dit de conformité, source d’exclusion, par la fantaisie sélective des fautes dites mineures et de celles dites majeures, par les pseudo-lois dites interprétatives et complétives des forfaitures du pouvoir dit de la rupture sont révélateurs de l’inutilité d’une élection présidentielle sous le mandat du Président TALON et sous sa seule responsabilité.

La Résistance Nationale, en se référant aux actes de ses assises d’octobre 2019, exige la tenue sans délai d’un dialogue politique et social participatif et inclusif de l’ensemble de la classe politique et de la société civile, à l’effet de normaliser et de rétablir les standards démocratiques malencontreusement reniés, bafoués et ruinés par le pouvoir dictatorial dit de la rupture.

En conséquence, la Résistance Nationale informe l’opinion nationale et internationale qu’elle ne s’est jamais réunie nulle part pour lever son mot d’ordre de résistance permanente contre le coup d’Etat législatif et constitutionnel sanglant et meurtrier en perpétration par le pouvoir dit de la rupture et contre la panoplie des lois iniques, inopérantes, sources de conflits et de perturbations de la quiétude sociale et de la paix.

Aucun ordre du jour de la Résistance Nationale n’a porté sur une quelconque participation à une quelconque parodie électorale en 2021.

« La politique a horreur du vide. Si elle n’est pas remplie d’espoir, quelqu’un la remplira de peur. »

Naomi KLEIN

Et c’est de la peur que chaque démocrate résistant, chaque citoyen doit au plus tôt et radicalement se sevrer.

En ce moment où, dans un élan de désespoir, certains se lancent sous les pulsions instinctives de l’ego, des ambitions particulières dans des frénésies solitaires à l’ancienne manière, je pense qu’il faudra nous rassurer de l’espoir que le salut est dans la construction méthodique et rationnelle d’un système organisationnel et stratégique la plus puissante pour la sensibilisation, la mobilisation, l’organisation et l’encadrement des  larges masses populaires en vue de la libération du Peuple et de la reconquête des libertés et des droits fondamentaux.

Le seul mot d’ordre est celui de Simone WEIL : « NE PAS ÊTRE COMPLICE »

Cotonou, le 08 juillet 2020.

La Résistance Nationale

Candide A M AZANNAÏ

 Ancien Ministre Porte – Parole du Gouvernement,

 Ancien Ministre Délégué Chargé de la Défense Nationale.

 

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