PATRICE TALON ENCORE AUX MANETTES PENDANT 5 ANNEES : ANALYSE D’UNE REELECTION AU KO AU PREMIER TOUR

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La Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) du Bénin a proclamé dans la journée du mardi 13 Avril à son siège, les grandes tendances du scrutin présidentiel qui s’est déroulé le dimanche 11 Avril dernier. Ces résultats provisoires proclamés qui placent le président sortant en tête des suffrages, est en même temps synonyme d’un Knock Out (KO) retentissant au premier tour.

Appelé aux urnes pour le dimanche 11 Avril 2021, le corps électoral béninois a répondu présent en accomplissant son devoir civique en dépit de quelques ratés observés notamment dans le centre du pays. Si les organisations de la société civile pointent du doigts les ratés, les observateurs internationaux approuvent la régularité de cette élection en dépit de ces ratés. Ces différentes plaintes n’ont entamé la valeur du scrutin, ni la détermination de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) à se battre des pieds et des ailles afin de donner les grandes tendances ce mardi 13 Avril.

Selon les résultats annoncés par la CENA de la voix de son président Emmanuel TIANDO, le ticket du président sortant Patrice TALON vient en tête avec 86,36% des suffrages exprimés devant les tickets DJIMBA-HOUNKPE et KOHOUE-AGOSSA respectivement crédités de 11,29% et 2,35% des voix. Selon les mêmes tendances annoncées par la CENA le taux de mobilisation de l’électorat dans les urnes est de 50,17%.

 « 50,17%, faible pour une réélection mais le juste moyen »

Depuis plusieurs décennies de démocratie, le Bénin a enregistré pour cette élection présidentielle le taux de participation au 1er tour le plus bas depuis le renouveau démocratique (56,3% en 1991, 87,8% en 1996, 87,7% en 2001, 74,86% en 2006, 84,82% en 2011, 66,05% en 2016 et 50,17% en 2021 ; avec un léger bémol pour 2011 où une partie considérable des électeurs a été mis en rade lors de l’enrôlement sur la liste électorale informatisée, ndlr). Une nette régression de la participation au jeu électoral de la présidentielle traduisant soit un dégoût de l’électorat pour la chose politique ou une contingence politique du moment. Ce dégoût peut résulter des implications des différentes réformes politiques opérées lors du premier quinquennat du président TALON et qui ont changé un peu les habitudes et l’animation de la vie politique au pays. La charte des partis politiques a été le prélude aux élections législatives qui a uniquement vu les partis de la mouvance présidentielle y prendre part. De facto ils représentent (les parties de la mouvance) la seule sensibilité politique au parlement conférant probablement la totalité des parrains d’origine parlementaire au ticket du président sortant. Aussi au rang des contingences politiques du moment on peut citer une autre implication des réformes en l’occurrence l’absence des poids lourds de l’opposition pour défaut de parrainage. Cette absence à cristallisée une partie de leur potentiels électeurs qui ne se sont pas du tout mobilisé ni pour la campagne, ni pour aller faire un choix sanction contre le président sortant. L’analyse du microcosme politique béninois montre beaucoup plus qu’il y a une frange de la population qui manifeste son désarroi. Pour certains c’est pour les externalités négatives de leur choix par le passé (erreur d’appréciation d’un candidat soit sur une base ethnique ou clanique, victime collatérale d’une réforme de l’exécutif etc..). Aussi le fait que les élus s’éloignent beaucoup plus de leur base et des aspirations de cette dernière fait qu’une partie de la base estime se mobiliser pour entretenir une bourgeoisie qui est en train de se renouveler. Pour finir, constatons une régression comparative du taux de participation surtout pour un président candidat à sa propre succession (Nicéphore Dieudonné SOGLO avec 87,8% en 1996, Mathieu KEREKOU avec 87,7% en 2001, Boni YAYI avec 84,82% en 2011, et Patrice TALON avec 50,17% en 2021 ; ndlr). Surtout que le taux de participation révèle beaucoup plus avec le temps pour un candidat à sa propre succession le taux d’acceptabilité de ses réformes et en même temps le taux d’approbation de son bilan. Certes dans le jeu béninois le taux d’approbation se lit beaucoup plus à travers la mobilisation de la base par les soi-disant grands électeurs notamment les élus (députés et maires) et les ministres qui dans notre système ont une capacité de mobilisation de la base non moins négligeable.

« Un quitus pour la poursuite des réformes »

Ce score du ticket présidentiel sortant est avant tout un plébiscite pour les réformes engagées et aussi pour une carte blanche pour la continuité des différents chantiers ouvert par le régime de la rupture. De l’accès à l’eau à l’électricité pour tous en passant par les cantines scolaires et autres programmes d’asphaltage et de construction d’infrastructures marchandes et sportives dans les grandes villes du pays, le gouvernement voit son bilan validé par la partie des électeurs sortie le 11 Avril dernier (une partie représentant la majorité absolue du corps électoral) et donc confiant que les actuels gouvernants feront mieux pour le quinquennat à venir. Une doléance même dans le camp des supporters du ticket présidentiel est que le président sortant dans sa nouvelle dynamique d’accélération des réformes dans tous les secteurs comme il l’a annoncé lors du lancement de son programme de société « Le développement ça y est », réoriente une partie des ressources de République vers le secteur social ou la préservation des acquis en termes d’emplois de la jeunesse majoritairement en sous-emploi. L’agriculture, l’enseignement technique et la formation professionnelle, le sport, le tourisme, la culture sont entre autres des secteurs qui sont dans la visée du réformateur national qui à l’entendre promet d’énormes investissements dans les cinq prochaines années. Vivement que le fruit de ces investissements se sentent au plus tôt pour la plupart des béninois qui serait heureux d’être citoyen d’un pays à revenu intermédiaire depuis peu.

« Les autres candidats loin d’être des figurants »

Les résultats annoncés par la CENA mettent le président sortant loin devant ses autres concurrents. Mais ce qu’il convient de rappeler est que la nouvelle version des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) loin de faire piètre figure, est entrain de conforter son assise électorale sur le plan national. Ils étaient déjà aux dernières élections communales et municipales aux côtés de quatre autres partis (BR, UP, PRD et UDBN) et ont pu se hisser au troisième rang faisant d’eux le seul parti de l’opposition ayant des élus communaux et municipaux dont six maires (soit six potentiels parrains). Cette consolidation d’une base électorale au fil des élections conforte les FCBE dans leur posture d’alternative au régime de la rupture car ils ont réussi là où le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) du charismatique Me Adrien HOUNGBEDJI et l’Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN) de Mme Claudine PRUDENCIO ont échoué (électorat en dessous du seuil de représentativité national). Les supposés inconnus de ce scrutin notamment le duo formé par Corentin KOHOUE et Iréné Josias AGOSSA ont quand même grignoté sur l’électorat du parti « Les Démocrates » pour faire ce score de 2,35% pas trop honorable mais ayant eu le mérite d’être présent dans le jeu démocratique des élections car leur programme à quand engagé l’approbation du quota d’élus nécessaires pour la validation de leur candidature par la CENA.

 

Serge DONNOU / Reporter Benin Monde

 

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