Expérience Tèbè, président du Mpl : « La réforme du système partisan a permis l’assainissement de l’échiquier politique »

La réforme du système partisan béninois a induit des avancées notables. Pour le président du Mouvement populaire de libération (Mpl), Expérience Tèbè, l’échiquier politique national a été assaini grâce à ladite réforme qui fait grincer des dents. Il en profite pour relever des limites et formuler des recommandations en vue des prochaines joutes électorales apaisées. Ci-dessous, son interview.

Le Matinal : Depuis 2018, le Bénin expérimente la réforme du système partisan. De plus de 200 partis politiques, le pays n’en compte qu’une quinzaine aujourd’hui. Que pensez-vous de cette réforme ?

Expérience Tèbè : Cette réforme a été voulue et souhaitée par l’ensemble de la classe politique à partir d’un certain nombre de préoccupations que nous avons observé sur l’échiquier depuis l’ère du Renouveau démocratique. Seulement, sa conception et sa mise en œuvre ont posé quelques problèmes que la classe politique surtout l’opposition regrette aujourd’hui.

Quelles sont les avancées et faiblesses que vous avez relevées dans la mise en œuvre de la réforme ?

En termes d’avancées, on peut noter que cette réforme a permis un assainissement de l’échiquier politique qui désormais a vu réduit de façon drastique, le nombre de partis politiques qui animent la vie politique. Elle a institué aussi le financement public des partis politiques. Sauf que malheureusement, à ce niveau, les conditions pour accéder à ce financement ne nous paraissent pas assez justes et équitables parce que si un parti arrive à satisfaire aux exigences de la loi pour exister, de notre point de vue, il devrait être accompagné en termes de ressources pour assurer son encrage national et assurer efficacement le rôle que lui demande la loi. Egalement, les seuils fixés pour l’attribution de sièges pour les élections communales et législatives ne nous paraissent pas judicieux d’autant que cela a contribué a entrainé des situations qui ne reflètent pas le choix opéré par les militants dans certaines localités. Il faut qu’on s’asseye pour discuter de tout cela.

Il y a également les cautions de participation qui ne nous paraissent pas en adéquation avec le niveau de vie au Bénin. Nous l’avons dénoncé en son temps. Il nous parait nécessaire de nous rassoir autour de ces problèmes afin de faire les ajustements nécessaires qui puissent satisfaire l’ensemble de la classe politique.

L’autre faiblesse que nous avions fait observer au niveau de la Charte des partis, c’est le fait que le ministre de l’Intérieur soit désigné comme celui qui étudie les dossiers des partis politiques alors que ce dernier se retrouve être sous l’autorité du président de la République dans son gouvernement. Autrement, s’il arrivait que la Constitution d’un parti politique dérange le pouvoir, vous imagez bien quels peuvent être tous les problèmes que ce parti voulant être constitué peut rencontrer. Ces problèmes constituent des faiblesses que nous pensons au niveau de l’opposition, qu’elles doivent revues.

Avez-vous des propositions pour parfaire cette réforme qui constitue une grande avancée au Bénin?

Pour les Législatives à venir, nous pensons que l’opposition n’a pas grand problème au niveau de la Charte des partis politiques. C’est au niveau du Code électoral que les dispositions d’exclusion doivent être évitées. Si nous avons des recommandations à formuler, c’est de souhaiter que le pouvoir qui se retrouve seul au niveau de l’Assemblée nationale pour prendre les lois, en voulant retoucher ce Code, puisse revoir certaines dispositions qui contribuent à corser et à élever les seuils de qualification, les cautions de participation et les seuils d’attribution de sièges. Il ne faudrait pas qu’on rehausse davantage ces critères pour empêcher l’opposition d’aller à l’Assemblée nationale en 2023. Notre vœu le plus chère, est que le gouvernement évite de renforcer les dispositions d’exclusion.

Propos recueillis par Serge Adanlao
Le Matinal