GARDIENS DE NUIT OU AGENT DE SÉCURITÉ : UNE OPTION DE SUBSISTANCE PAS SANS RISQUE AUX YEUX DE LA SOCIÉTÉ…

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On les reconnait à leur uniforme souvent composée d’un complet de tenue, badges, sifflets, chaussures noires communément appelés rangers, casquettes, ceintures, matraques. Ils sont  à la guérite des sociétés, des structures étatiques, des maisons et même parfois au volant des véhicules des particuliers. Ce sont les agents de sécurité ou encore appelé les hommes à tout faire. À travers ce mini dossier, nous allons à la rencontre de quelques uns qui nous parlent des implications de ce choix de métier perçu comme dégradant aux yeux de la société et de leurs difficultés…

« J’exerce ce métier depuis trois ans, j’ai une famille que j’arrive à nourrir et je paie mon loyer à la fin de chaque mois »

Kassim, d’une trentaine d’âge et mesurant environ 1m72, monte la garde la nuit de 19h à 07h dans une banque de la place ici à Cotonou. Recruté sur un Contrat à Durée Indéterminée CDI par une société de sécurité privée depuis près de 3 ans, il dit être fier d’exercer ce métier. « J’exerce ce métier depuis trois ans, j’ai une famille que j’arrive à nourrir et je paie mon loyer à la fin de chaque mois », affirme-t-il sourire aux lèvres. Comme Kassim, ils sont de milliers ces jeunes hommes et femmes  et venant de tous les horizons à être recrutés comme agent de sécurité privée dans les grandes villes du Bénin. Ils sont de tous les profils, des étudiants encore en formation à l’université, des étudiants en fin de formation, des travailleurs d’autres secteurs et ceux qui choisissent de faire de ce métier leur gagne-pain quotidien et en font leur profession formelle. Plusieurs raisons justifient ce choix de métier. Pour les uns, c’est la recherche de ressources financières nécessaires pour continuer les études, pour les autres, c’est juste un tremplin et pour d’autres encore, c’est pour joindre les deux bouts. Ce qui fait de ce secteur, un secteur vraiment très mouvant et très instable. « Cet état de choses génère des incidents et est source de grandes difficultés par rapport à la gestion de nos ressources humaines et financières, nous qui mobilisons d’énormes ressources financières pour payer les salaires des agents afin d’assurer la continuité de nos services » déplore un promoteur de société de service de sécurité privée.

Du salaire d’un agent de sécurité

Le salaire varie bien souvent selon la société de sécurité privée et les clauses fixées dans le contrat par les clients qui accueillent les agents de sécurité dans leurs locaux. « Il y a des sociétés qui payent 40 000 F CFA comme salaire de base, d’autres arrivent à payer 42 000, 50 000, 70 000 et même parfois 100 000 » ; nous renseigne Georges, un agent de sécurité qui a fait ses expériences dans plusieurs sociétés à Cotonou. Parfois à cela s’ajoute certaines primes que certaines sociétés choisissent de payer pour gratifier leurs agents méritants assure Georges.

Des difficultés rencontrées par les agents de sécurité

Il existe une bien grande différence entre les appellations « Gardien » et « Agent de Sécurité »

Dans l’exercice de leur métier, les agents de sécurité font face à de nombreuses difficultés liées essentiellement au regard de la société, des amis et de la famille et aux exigences professionnelles du secteur. Communément désignés par « Gardiens », le terme est humiliant certains et est preuve de mépris pour plusieurs d’entre eux. Nous ne supportons pas cela parce qu’il existe une bien grande différence entre les appellations Gardien et Agent de Sécurité…  Cette appellation n’est tellement pas du goût de certains agents qu’ils n’hésitent pas à exiger qu’on les appelle ‘’Agent de Sécurité’’ ou ‘’Garde’’ et à faire comprendre à leur interlocuteur la différence entre ‘’Gardien’’ et ‘’Agent de Sécurité’’.

Pour les professionnels de la sécurité privée, le gardien est celui-là qui s’invite dans la sécurité sans aucune formation et sans aucun contrat de travail avec une société de sécurité régulièrement constituée. En outre, il en existe plusieurs autres  qui sont notamment les étudiants en formation et ceux qui, en attente d’un emploi plus décent, choisissent ce métier. Ils ont souvent honte avouent-ils, d’être découvert par leurs amis_ en train d’exercer comme agent de sécurité _occupant déjà un poste de prestige dans les structures de la place, _ce qui n’est pas sans conséquence sur leur rendement.

Tout agent de sécurité qui veut monter la garde doit s’attendre à deux choses : la prison ou la mort…

Cet état de choses ne leur permet aucunement d’assurer convenablement leurs obligations professionnelles et ou de bien répondre aux multiples sollicitations des clients souvent plus exigeants déplore M. Agnan, contrôleur des agents dans la zone de Calavi. Il fustige cet état d’esprits d’assumer et rajoute que les agents qui agissent de la sorte ne pourront pas profiter fièrement de leur salaire car souligne-t-il, « Ils ne sont pas fiers du métier qu’ils exercent ». Son point de vue est partagé par Anianbossou, agent de sécurité depuis 12 ans qui ne manque pas de rappeler les réels écueils liés à la vie du « Garde » dans l’exercice de son métier. Pour lui, tout agent de sécurité qui veut monter la garde doit s’attendre à deux choses : la prison ou la mort, nous dit-il avant de nous faire le récit d’un acte de vol commis alors qu’il montait la garde.

Il est important de réorganiser le secteur et de prendre des lois pour nous protéger et améliorer nos conditions de travail…

« J’ai été soupçonné d’avoir volé un ordinateur dans les locaux du service où je montais la garde en 2011, cela m’a valu de passer 3 jours en  garde à vue avant d’être libéré » parce que, insiste-il « Je n’étais impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire ». En matière de sécurité, il est difficile de manger, de se reposer, d’avoir quelques minutes de sommeil car vigilance maximale oblige renchérit-il. Les responsables de sociétés de sécurité privées devraient agir rapidement pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail dit-il avant de lancer un appel à l’endroit des autorités: « Il est important de réorganiser le secteur et de prendre des lois pour nous protéger et améliorer nos conditions de travail». Il est rejoint par Philippe, lui aussi agent de sécurité, qui dit avoir été obligé à un moment donné de prier Dieu chaque fois qu’il veut monter une garde et de remercier le ciel quand il en descend. Par ailleurs, il existe d’autres difficultés auxquelles sont confrontées les agents de sécurité et qui tiennent de l’exécution de certaines tâches demandées par d’autres clients. Lesquelles tâches outrepassent les règles et codes professionnels édictés par les sociétés qui emploient ces agent de sécurité. Les agents de sécurité nous confient que leurs patrons les considèrent comme des hommes à tout faire. «Ils sont nombreux à nous inviter à laver les véhicules, tailler les fleurs, assurer l’entretien de leurs locaux, aller faire les courses, etc…» Chose complètement interdite mais dont les patrons et patronnes n’ont que faire…

 

CARMEL ATEGBO pour Reporter Bénin Monde

 

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